mercredi 20 janvier 2016

Critique littéraire #1

Compte rendu du roman «Le Complet Brun»


Il s’agit, et on s’en aperçoit vite, d’une fiction vérité. C’est ce qui décrit probablement le mieux le livre de monsieur Jean Biernaux. Il est également clair dès les premières pages, que ceci est avant tout une satire, de la société, et ce, sans compromis aucun. Prenons pour preuve l’objet en lui-même, une illustration évocatrice en couverture, un titre aux résonances d’un quotidien ennuyeux, qui, on s’en doute sera probablement malmené au long du récit.
Vient alors le roman. Un style sans poésie, comme une pièce sans porte. Le roman pèse sur les épaules. Dès ses premières pages, on y parle un langage qui par trop familier aux oreilles d’aujourd’hui, renforce cette impression de réalité omniprésente.
Ce roman ne comporte ni beauté, ni ambages, au contraire, il utilise la force d’une société vacante, à l’ennuyeuse minutie et aux quiproquos clownesques pour mieux se faire comprendre.
Dans une critique absolue de ce qu’il semble bien connaître, Jean Biernaux prend le parti d’une croisade à laquelle la plupart d’entre nous avons renoncé. C’est un courageux combat, et il est bon de se faire rappeler au désordre salvateur de temps à autre.
Malheureusement, et c’est là point de vue purement subjectif, cette mécanicité ambiante, cette normalité étouffante, ce combat trop ordinaire, ne font écho que chez certains. C’est chose sûre, un livre, on l’aime, ou on l’aime moins.
Ici, l’histoire est vieille comme le monde, et que cela soie dans les comics d’Alan Moore, ou par exempledans le Brazil de Terry Gilliam, chacun y a déjà goûté.
Il ne s’agit pas d’une critique de problématique, mais plutôt d’une préférence stylistique, ce qui diffère en tout point.
Ce roman issu de l’esprit d’un auteur belge perpétue une tradition du réalisme triste qu’affectionnent nos artistes. Certes, il est difficile de comparer une œuvre écrite à un film, mais il n’empêche cette impression de déjà vu, de problématique sociale hyper réalisée dont nos cinéastes font souvent leurs films.
Ce roman, trop vrai pour faire rêver se positionne donc dans un genre brut de décoffrage, aux adjectifs sobres et cinglants, aux personnages fades de leur réalisme. Les phrases sont directes, ou alors longues et complexes telle une chaîne de montage. Les personnages ne sont ni beaux, ni spécialement intelligents, ils sont juste pareils à nous qui les lisons. Une fenêtre qui nous renvoie nos torts au visage, qui angoisse une jeunesse de moins en moins certaine de ne pas finir elle aussi dans un petit bureau.
Car il faut bien reconnaître ceci finalement; ce livre sans complaisance n’est pas là pour rassurer, il alarme et inquiète, et laisse entrevoir à quel point les beaux rêves peuvent être ébranlés.
Finalement, la tristesse est de mise quand on sort de ceci, et la question se pose…
En avions nous besoin?
Pas que la société ait besoin d’être nourrie d’un parfum illusoire, mais plutôt dans le sens qu’à force de penser au futur du présent, on oublie un peu trop de nous faire respirer. La conclusion se porte sur une observation qui mérite d’être faite.
Ce livre serait probablement une plus grande réussite si le sujet plébiscité n’était pas à la mode.

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